Hiva Oa – Archipel des Marquises
Il faudra plus de 6 heures pour parvenir à l’île où repose Jacques Brel. Vol non direct qui sous-entend presque une heure en escale à Huku Hiva, petite île où la population ne dépasse pas 3000 habitants. Mais les abords de l’aéroport, arides n’invitent pas à la promenade. Il faut s’armer de patience…
A l’arrivée, je reçois le traditionnel collier de fleurs que me tend la fille de la propriétaire de la pension de famille où je vais séjourner 3 jours. L’île est très montagneuse et le trajet, fort sinueux, le paysage est superbe. Sur la route, nous croisons un curieux « attelage » : un homme à cheval qui trotte à bonne allure et qui tient au bout de cordes dans une main une dizaine de chiens de races diverses. Intriguée j’interroge ma conductrice qui me dit qu’ici, même si on a un boulot, il faut aussi chasser et pêcher pour survivre. Cet homme part à la chasse au cochon sauvage…
De mon hôtel, situé assez haut sur une colline, j’ai une vue superbe sur la mer, le port de plaisance et la montagne omniprésente. Comme je n’ai pas déjeuné et que la pension n’assure que le repas du soir, je suis conduite jusqu’ au village un quart d’heure après mon arrivée. Pour remonter, ensuite, je devrai à 17h me tenir sur la place, pour monter dans le véhicule des cuisinières qui prennent leur service à cette heure-là. O.K !
Je me dirige vers le seul resto ouvert, au centre du village, presque simultanément avec un couple de Français aperçu pendant l’escale à Huku Hiva. La restauratrice nous croit ensemble et comme je précise qu’il n’en est rien, le couple insiste pour que je mange à leur table. En fait, je comprends vite qu’ils ont un gros problème et qu’une tierce personne, neutre, sera la bienvenue. La femme semble très énervée, elle m’explique que son mari, médecin, doit assurer pendant un an le cabinet médical de l’île (il n’y a aucun médecin, ou spécialiste, permanent, dans les îles). Ils viennent de visiter l’appartement attenant au cabinet et c’est là le problème. Selon la femme, c’est à la limite de la salubrité et il est hors de question qu’elle y habite, en l’état ! Lui, semble très peu concerné par le sujet, ce qui l’exaspère d’autant. Elle n’aura de cesse, qu’ils trouvent une location, un hôtel ou une pension de famille, et pendant les deux jours qui suivront, ce sera le sujet n°1 dans le village car aucun professionnel n’a de disponibilité pour le moment. Même lorsque je serai à l’aéroport pour repartir à Tahiti, accompagnée de la propriétaire de la pension de famille qui prend le même avion que moi, elle y croisera un collègue qui ne parlera que de çà et ne manquera pas de critiquer la femme du médecin, dont il ne comprenait pas l’attitude méprisante !
Pour l’heure, j’écoute avec patience cette femme qui veut me prendre à témoin et quand son mari se lève pour retourner au Cabinet, elle refuse de le suivre et me demande si elle peut m’accompagner, car je leur ai dit que j’allais après le repas sur la tombe de Jacques Brel. Difficile de refuser…
Il viendra récupérer sa femme avec sa voiture de fonction au cimetière un peu plus tard mais je refuserai de les suivre, car je veux aller, seule, au Musée Gauguin. Et comme j’ai été frustrée de ne pas avoir été seule sur la tombe de Jacques Brel, j’y reviendrai le lendemain matin .
Le jour suivant, j’ai refait à pied le trajet jusqu’au cimetière, ai apporté le collier de fleurs pour égayer un peu la tombe, j’ai chanté « ne me quitte pas » et « quand on n’a que l’amour… » et n’ai pu éviter des larmes d’émotion.
Comme de nombreux admirateurs précédemment, qui ont laissé un message écrit sur des galets qui abondent autour de sa tombe, j’ai voulu, moi aussi, laisser une trace de mon passage, petit poème vite griffonné sur un papier mais il me manquait un feutre pour le transcrire sur le galet que j’avais choisi ! Alors, sans hésiter, je suis montée sur le chemin jusqu’à la première habitation, je suis allée quémander le feutre indispensable…en promettant bien sûr de le rapporter, une fois l’écriture terminée. Un peu perplexe mais coopérant, le « marquisien » s’exécuta.
Je suis repartie apaisée, ma mission accomplie.
Balade sur la plage
puis repas dans un bon restaurant, le seul ouvert un samedi.
Pour rentrer, il me fallait appeler à mon hôtel mais comme je n’avais pas mon smartphone, c’est le gendre de la restauratrice qui m’a raccompagnée, en faisant un grand détour pour me faire visiter les alentours du village. Je n’en demandais pas tant !
Vers 18h30, on vient frapper à mon bungalow : ce sont les patrons de ma pension de famille. Comme je suis leur seule cliente ce soir, ils ont décidé de m’emmener dîner avec eux ….au restaurant du port ! petit resto qu’on appelle « en roulotte ». Je n’ai pas le choix et puis je me réjouis de descendre sur le port, beaucoup trop éloigné du village pour que je m’y sois aventurée. Et c’est très joyeux, beaucoup de villageois sont là, l’ambiance est bonne et la nourriture aussi. Je suis très contente de cette soirée imprévue. C’est çà, l’esprit des îles…
En revenant sur Tahiti le lendemain, je survole avec bonheur des atolls, superbes. Atolls malheureusement menacés de disparition puisque le niveau de la mer monte inexorablement.
Demain, cap sur la Nouvelle Zélande.
Je partirai un Lundi matin à 8h20 pour arriver à 12h20 mais un …Mardi ( !) changement de fuseau horaire oblige…
Je vais perdre une journée !!! « Normal » dira ma fille, « tu perds tout »…. !!!!