Radjasthan : Dehli – Jaisalmer
L’Inde ! pays de tous les contrastes. Sa vitalité est dans la rue, dans les temples. Pays de couleurs, de bruit, de sérénité aussi, acceptation justifiée par les karmas, le pittoresque naît aussi du panthéon invraisemblable de dieux et de déesses dont les fêtes transcendent le quotidien.
Lorsque j’arrive à Dehli, vers midi, le dimanche 15 mars, je dois rejoindre le groupe « Nomade Aventure » que j’ai choisi pour visiter ce pays, impossible à faire seule, comme je l’ai fait jusqu’à présent.
Mon transfert depuis l’aéroport me conduit au restaurant où sont déjà arrivées les autres membres du groupe….en fait, elles sont deux (Laurence et Fabienne – 38 et 42 ans), notre groupe est donc très restreint ( 3 filles !), ce qui nous permettra de faire un maximum de choses.
Laurence et Fabienne sont arrivées dans la nuit et ce matin, elles ont visité le vieux Dehli, à bicyclette.
Après le repas, nous traverserons la ville avec un arrêt au bout de la Raj Path, une immense avenue entourée de parcs, et qui conduit à l’Est, à India Gate, le monumental arc de triomphe érigé à la mémoire des 10 000 soldats indiens morts pendant la première guerre mondiale, avec le tombeau du Soldat Inconnu. C’est dimanche et la foule, impressionnante, occupe les pelouses, c’est très vivant et joyeux.
Puis nous traversons la vieille ville, où le spectacle est partout car les petits marchands se succèdent sur les trottoirs, voire sur la chaussée quand l’artère s’élargit. La circulation est impressionnante, premier contact avec la conduite déjantée dans ce pays (tous véhicules confondus).
Notre destination : la gare (une des gares) de Dehli, où nous prendrons le train de nuit qui nous conduit à Jaisalmer.
La Gare ! premier choc, la foule, les vendeurs, les « porteurs » : âpres discussions entre notre guide et des porteurs car le trajet pour aller sur le quai passe par un portique qui traverse les voies, donc un grand nombre de marches à monter et descendre, et il est hors de question que nous portions notre bagage le plus lourd, à roulettes, certes, mais sur du plat ! J’ai un peu d’appréhension quand je vois ma valise emportée, j’espère que notre guide est certain de l’honnêteté de ces jeunes porteurs, qu’ils ne vont pas s’enfuir avec nos bagages !
Mais tout va bien, nous arrivons sur le quai, nous sommes en avance, bien sûr, la marge de sécurité doit être grande en raison de la circulation infernale dans Dehli, pas question de rater ce train.
Le spectacle est partout sur les quais, la plupart des trains sont très vétustes.
Enfin, le nôtre arrive.
Nous avons des couchettes « couloir ». Nous avions du mal à visualiser ce qu’étaient des couchettes couloir ? En fait, il y a le compartiment avec 4 couchettes traditionnelles, puis le couloir, qui est réduit de la largeur de 2 couchettes superposées, qui sont dans le sens de la marche et sont fermées par des rideaux.…
La mienne (couchette inférieure) fait face à un compartiment occupé par 4 contrôleurs, je me sens protégée. L’un d’eux, le plus âgé, m’intrigue car il écrit inlassablement des pages et des pages d’un même mot en psalmodiant ce mot, litanie qui permet d’améliorer son Karma, me dira notre guide que j’interroge à ce sujet…
Dire que l’on a bien dormi serait exagéré, mais on a dormi.
Arrivés à Jaisalmer, notre minibus nous attend et nous faisons connaissance avec notre chauffeur qui sera avec nous jusqu’à la fin du parcours. Il nous conduit d’abord à notre hôtel, luxueux après la nuit en train, où l’on se pose un peu avant de partir à la découverte de la citadelle
Jaisalmer
Cette magnifique citadelle fut construite au 12ème siècle et fut prospère grâce au commerce entre l’Inde, l’Egypte, l’Arabie, la Perse, l’Afrique et l’Occident.
Dans ses rues étroites, les artisans travaillent encore à l’ancienne et les magnifiques palais et Havelis (maisons de maître) qui furent construits au 18ème siècle sont remarquables, de par la finesse du travail de la pierre.
On pénètre dans la citadelle par une rampe et une succession de portes. C’est un véritable labyrinthe de petites ruelles que nous avons parcourues, admiratives devant les façades magnifiques.
En traversant la ville nouvelle, nous eûmes l’occasion de voir un groupe de jeunes hommes qui passaient des épreuves pour être enrôlés dans l’armée, ou la police.
L’occasion pour Chopal, notre guide, de nous parler des castes et des quotas. Les castes existent toujours. Les plus importantes : les commerçants, les brahmanes et les guerriers(caste à laquelle notre guide appartient). Dans ce pays démocratique, la suprématie des castes est compensée ( ?) par les quotas, qui doivent permettre aux gens de castes inférieures d’obtenir (même avec des résultats plus médiocres) des postes ou des entrées à l’université. C’est ainsi que Chopal, qui souhaitait entrer dans la police, malgré ses très bons résultats aux examens n’a pu être intégré en raison de ces quotas. Il s’est tourné alors vers le tourisme et je pense qu’il ne le regrette pas !
Avant de rejoindre notre hôtel, nous nous arrêtons à un lac artificiel (lac Gadhisar) qui fut creusé au 14ème siècle et vit la construction du joli pavillon. Plus tard, au 19ème siècle, c’est une courtisane qui fit ériger la porte monumentale, au grand dam des âmes pieuses. Pour éviter que sa porte ne soit détruite, la courtisane eut l’idée de construire un petit temple dédié à une divinité en haut de l’édifice, empêchant ainsi sa destruction puisque placé sous protection divine !
Nous retournons à notre hôtel, superbe ! Seul bémol : le survol incessant d’avions de chasse…car nous sommes très proches du Pakistan, toujours en guerre avec l’Inde, et les avions de chasse surveillent la frontière pour contrôler les infiltrations (les attentats restent relativement fréquents !!!) Heureusement pendant la nuit, les avions rentrent au bercail, nous pourrons enfin dormir, avant d’entreprendre la route vers le Désert du Thar.