Le Désert du Thar
Pour atteindre Jambha, dans le désert du Thar, où nous attendent nos attelages de dromadaires, il nous faudra environ 3 heures sur des routes de plus en plus étroites, où les rencontres de troupeaux de chèvres, de moutons seront fréquentes…La région est très cultivée, avant le désert, et nous verrons, entre autres, des cueilleuses d’herbes aromatiques, qui travaillent 8 heures par jour, courbées en deux, dans leurs superbes saris.
A mi-parcours, nous nous arrêtons au temple Guru Jambeshwar, très récemment construit, dans lequel nous n’aurons pas le droit d’entrer et dont le lac est sacré. C’est un temple (le seul d’ailleurs) de la Communauté Bishnoï, celle qui vit dans le désert, dans de tout petits hameaux, que nous apercevrons pendant la méharée. Les Bishnoïs sont végétariens et respectent toute forme de vie, on dit d’eux qu’ils ont une forte conscience écologique…
Nous arrivons au point de départ de la méharée, les attelages sont prêts, ainsi que le repas qui nous a été préparé. Il y a 4 dromadaires, une femelle et trois mâles plus un bébé dromadaire de 3 semaines ( !) qui suivra le convoi, un peu dissipé, et manifestant bruyamment, sa mère lui répondait invariablement. Les chameliers sont jeunes.
J’hérite du mâle le plus haut : être hissée sur la bête, en deux temps, demande un certain sens de l’équilibre : on se croit projetée en avant, puis l’animal se redresse et vous voilà installée, pour partir en chaloupant au gré des mouvements, du relief, etc…
La méharée doit durer 3 heures. Au bout d’une heure et demie, comme je commence à avoir mal au dos, je demande à monter dans la charrette qui transporte les sacs, les chameliers qui dirigent nos montures et le jeune fils de notre restaurateur. C’est ce dernier qui montera mon dromadaire. Mais la charrette s’avère plus inconfortable que le dromadaire, au bout d’un certain temps, car il n’y a ni dossier, ni coussin. Les jeunes chameliers sont habitués à cet inconfort : le lendemain, je reprendrai le dromadaire et finalement, tout se passera bien pendant les deux heures de méharée.
Pas d’incident pendant le trajet, les pentes sont les plus dures à franchir en descente car on doit se coucher en arrière pour rétablir l’équilibre.
Arrivées au bivouac, on découvre nos tentes, un feu de camp sera allumé et le soleil se couche sur la dune. Soirée d’exception sous un ciel extraordinairement clair et chargé d’étoiles, comme on peut seulement les voir dans tous les déserts du monde. Pas de sanitaire bien sûr, c’est du « camping sauvage »
Il y a cependant, c’est une bonne surprise, deux musiciens pour animer la soirée, ils chantent d’abord des mélopées un peu tristes, et cette musique, en plein désert attire, au fur et à mesure, des villageois Bishnoïs venus on ne sait d’où ? et qui restent discrets derrière les musiciens. Bientôt la musique devient plus rythmée et les hommes se mettent à danser. Bien sûr, je les rejoins entraînant Laurence et Fabienne et cette danse sous les étoiles restera un moment fort de notre expédition.
On se lève très tôt le matin pour affronter le désert avant la forte chaleur, deux heures de méharée nous attendent.
Nous arriverons à Khalatel, dont nous ne verrons que l’école. Il y a 5 élèves de 8-9 ans, assis par terre : il n’y a ni tables, ni chaises dans cette école qui compte une vingtaine d’enfants inscrits mais ce jour-là, il n’y en a que le quart ! Si l’école est obligatoire, il n’y a aucune sanction pour les récalcitrants et les parents qui ont besoin des enfants ne les envoient pas régulièrement…. Cela reste un gros problème. Nous leur donnons les crayons achetés pour eux et après avoir salué et remercié nos chameliers qui repartent en sens inverse.
Nous retrouvons notre mini-bus qui nous a rejoints, la route est longue pour atteindre Jodhpur, la prochaine étape.