Lorsque le ferry arrive à Puerto Montt, c’est au milieu de la nuit, mais les passagers ne sortiront du bateau qu’à 8h. Seuls les transports de marchandises quittent le bateau, ce qui provoque un bruit important, la nuit sera donc courte.
Par bus de la compagnie, nous rejoignons le terminal maritime où m’attend mon « transfert ». Il y a toujours plusieurs accès de sortie dans un terminal et une fois de plus, la rencontre n’est pas immédiate.
Direction terminal de bus, encore un peu de patience avant d’arriver sur cette île qui charme tous ses visiteurs.
La traversée en ferry, elle, est très rapide et je découvre avec plaisir les paysages vallonnés, paisibles, les petits troupeaux de vaches noires qui ne comptent que quelques têtes, beaucoup de haies, cela ressemble aux campagnes normandes de mon enfance. Mais la côte que l’on longe parfois, avec ses rias, ses petits bateaux , fait plus penser à la Bretagne et l’on retrouve les genêts, même les hortensias !Je découvre aussi que c’est également un pays de légendes : sirènes qui guident les pêcheurs, monstre marin, bateau fantôme, etc .. que le brouillard fréquent entretient.
Nouvel épisode de terminal de bus mais cette fois, j’ai beau scruter, interroger, pas de « transfert » à l’horizon. Le n° de téléphone dont je dispose est invalide… je décide de prendre un taxi pour me rendre à mon hôtel. La fautive viendra s’excuser sur place : elle a eu un problème de voiture et aucun collègue n’a eu son message pour la remplacer. Elle est tellement confuse, elle ne se remet pas de cette défaillance. Bien sûr elle me remboursera le taxi.
Mon hôtel est un palafito (construction sur pilotis comme il en existe encore beaucoup à Castro, la « capitale « de cette île). C’est charmant, je me sens tout de suite chez moi dans ce décor inhabituel. Je prendrai plein de photos de ces palafitos, colorés, que l’on retrouve, bien alignés, dans 3 secteurs différents de la ville.
De ma terrasse, la vue est superbe sur le bras de mer, tour à tour à marée haute ou basse. Dans les petits restos tout proches (autres palafitos), je ferai une cure de poisson et de fruits de mer, l’île est réputée pour çà.
Castro est une petite ville très animée, et comme c’est l’été et les vacances scolaires, il y a plein d’animations, de danses folkloriques, de chanteurs, musiciens, au centre-ville. Une grande partie de la population de l’île descend des premiers occupants, comme des Mapuches entre autres, ces chilotes ressemblent aux autres populations andines. Ils ne se sentent pas vraiment chiliens, ce sont eux, les vrais habitants de Chiloé. De tous temps, ils ont cultivé la pomme de terre, fierté de leur peuple, et il y en a une quantité impressionnante de variétés, toutes aussi savoureuses les unes que les autres !
Même si l’influence catholique est grande depuis près de deux siècles (d’où les nombreuses églises qui font la renommée de l’île), ils ont gardé beaucoup de leurs croyances et justement le lendemain je vais faire une excursion au « Muelle del alma » (embarquement de l’âme) lieu où les âmes après la mort s’envolent au bout d’une rampe qui monte vers le ciel. C’est une très belle balade, qui louvoie le long de falaises, aux pentes abruptes, au milieu des vaches, impassibles qui nous barrent le chemin, avant d’arriver à cette rampe en bois qui ondule face à la mer et matérialise cet envol de l’âme. Le brouillard qui persistera pendant toute la balade rajoute à l’atmosphère « mystique » du lieu.
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Demain, ma journée sera consacrée aux églises qui sont classées au patrimoine de l’humanité. Deux d’entre elles se trouvent sur une petite île (il en existe un certain nombre autour de Chiloé) où je me rends par bus local, folklo comme il se doit. Les horaires sont assez fantaisistes, les arrêts nombreux d’où montent autant de passagers que le véhicule peut entasser dans l’allée ! Le plus surprenant c’est qu’on paie à l’arrivée et le prix varie donc suivant l’arrêt où vous êtes montés. Soit le conducteur a une mémoire extraordinaire, soit, tout bonnement, il n’y a pas de fraudeurs…
Le bus continue sur l’île convoitée après une brève traversée sur un bac. Arrivée sur Achao, un villageois me renseigne sur la direction à prendre pour atteindre l’église, qui est la plus ancienne de ces fameux édifices. Je croise un passager de la croisière, prof de droit à Paris 5 (ou 6 )? avec qui j’avais eu de nombreuses discussions.
J’ai l’intention de reprendre un bus pour continuer plus loin sur l’île et avant cela, je rencontre un couple d’Alsaciens, décidément il y a beaucoup de français à Chiloé. Comme Ils sont motorisés, finalement je pars avec eux, ce qui me permettra de voir plus d’endroits que prévu, j’ai de la chance !
La troisième journée, jour de mon départ, je me rends au centre- ville de Castro pour voir à la gare routière les horaires de bus vers d’autres destinations, une autre île ? Mais comme je dois quitter l’hôtel à 18heures pour repartir vers Santiago, je ne prends pas le risque de ne pouvoir revenir à temps.
Je vais aller voir d’autres palafitos et ensuite j’irai à Nercon, petit village tout près de Castro voir une autre église, qui est très belle, elle aussi classée au patrimoine de l’humanité. J’y vais à pied mais c’est plus loin que je le croyais et je mettrai presque une heure à un rythme soutenu pour y parvenir…épuisée, sous le soleil. La fraîcheur de l’église est la bienvenue et il n’y a personne car le gardien vient de partir avec ses enfants…qui jouaient dans l’église. Le calme, le silence et puis, tout naturellement me vient l’idée de chanter. A pleine voix, je chante l’AVE VERUM de MOZART, (petit clin d’œil à mes amis choristes…). Quel plaisir dans ce décor !
Je repars, bien décidée à prendre un bus pour le retour, pas question que je refasse à pied le trajet !
Je marche jusqu’à un arrêt, une jeune femme qui attend déjà me confirme que le bus de Castro s’arrêtera près de l’endroit où se trouve mon hôtel. Ouf !
Il me restera peu de temps avant que ma repentante « transfert » m’accompagne au terminal de bus, elle n’en finit pas de s’excuser de sa défaillance et ne me laisse pas tant que je ne suis pas montée dans le bus !
Je quitterai vraiment à regret cette île, mais le voyage continue…